Les perles utilisées sont d’une taille comprise entre 1 et 2 millimètres. J’ai recours à une aiguille très fine pour faire passer le fil dans ces éclats de lumière. C’est par cette action que les perles tiennent ensembles. La technique est ancienne. Sa datation remonterait à l’Egypte Ancienne.
Ce qui me fascine, c’est ce passage. Il est pour moi une promenade dans le langage, une contemplation du paysage que l’on découvre au fur et à mesure de ses pas.
Le tissage est le paysage.
Les perles, les pas.
Le fil, la trace.
Souvent, j’interromps le geste pour dévisager ce fragment tissé, afin de mieux l’envisager, pour comprendre quels seront les cheminements les plus harmonieux. Certains sentiers empruntés feront de ce fragment un bijou.
Cela ne fonctionne pas toujours. Il y a des promenades qui demeurent des errances.
C’est un travail de patience et de vigilance. Les perles sont si petites, qu’un trop grand nombre de passages de l’aiguille entraine leur brisure.
Le raffinement coexiste avec la douceur, notamment dans l’artisanat. C’est la manière dont le bois est sculpté, la subtilité d’une couleur, le déroulé d’une courbe dans le baroque tardif. La douceur semble incrustée dans le geste, déposé avec lui dans la manière.
Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur